Votre bébé est congestionné? Il tousse beaucoup, son alimentation diminue et son sommeil est perturbé? Vous êtes dépourvu devant ce rhume qui s’éternise et qui vous inquiète ?
Il existe une solution très efficace qui vient de l’Europe francophone: c’est une technique de décongestion des voies aériennes supérieures (nez et pharynx) et des voies ...aériennes inférieures (trachée et les bronches des poumons). Cette technique d’appelle la kinésithérapie respiratoire pratiquée par un kinésithérapeute (le nom donné à la physiothérapie en Europe francophone) qui a réalisé 3 ans d’études et 1 an de préparation à l'Université de Médecine validé par un diplôme d’Etat.
Cette technique est très répandue en Europe dans les hôpitaux, les cliniques de ville et les centres de garde de fin de semaine. Dans ces pays, le ministère de la santé met en place des numéros d’urgence qui orientent les parents vers les professionnels les plus proches.
A qui s’adresse cette technique ?
Aux nourrissons qui présentent une congestion respiratoire dont l’origine est bien souvent virale. La plus connue est la bronchiolite causée principalement par le virus VRS. D’après la Société Canadienne de Pédiatrie, la bronchiolite est la principale cause d’hospitalisation avant l’âge de un an. Elle touche plus du tiers des enfants avant 2 ans. Depuis 30 ans, les taux d’hospitalisation sont passés de 1% à 3% chez l’ensemble des nourrissons.
Les symptômes sont souvent inquiétants pour les parents mais cette maladie est le plus souvent bénigne fort heureusement. Ils sont inquiétants car les parents entendent beaucoup de bruits respiratoires parfois impressionnants (sifflements, râles bronchiques..), les nuits sont bien souvent agitées et l’alimentation peut diminuer à cause de l’inconfort de l’enfant. La quantité de nourriture et d’hydratation est alors à surveiller particulièrement.
Pourquoi n’est-elle pas présente au Québec et en Amérique du Nord?
Tout simplement parce qu’elle est une approche différente de celle présente en Amérique du Nord mais elle commence à apparaître (enfin) à Montréal et elle offre une alternative à l’inconfort du bébé et du jeune enfant congestionné.
En quoi consiste-t-elle?
La technique est manuelle et elle repose sur un bilan précis de l’état de l’enfant avec une auscultation minutieuse (fréquence respiratoire, bruits de la respiration, écoute au stéthoscope, questions sur l’état général de l’enfant, son alimentation, son sommeil).
Ensuite, il faut décongestionner l’enfant surtout le nez chez les bébés de moins de 6 mois qui respirent essentiellement par le nez si bien que certains bébés se retrouvent en détresse respiratoire avec « pour seule cause » un nez très congestionné alors que les bronches ne sont pas congestionnées. La technique va désencombrer le nez avec un geste spécifique pour assurer un drainage complet ainsi bébé retrouve sa possibilité de respirer par le nez.
Il existe deux technique pour cela : la première est le drainage rhinopharyngé antérograde (les sécrétions sont alors recueillies directement à la sortie du nez) et le deuxième est le drainage rhinopharyngé rétrograde (les sécrétions descendent dans la bouche et un appui sous la langue du bébé en arrière du menton permet alors de recueillir les sécrétions à la bouche).
Il est important de préciser que ces techniques respectent parfaitement les temps respiratoires du nourrisson : le praticien se cale sur l’inspiration et l’expiration du bébé sans rien imposer si ce n’est la fermeture d’une narine qui permettra l’évacuation des sécrétions.
Ce seul drainage du nez est parfois suffisant lorsqu’il n’y a pas de congestion bronchique surtout chez le nourrisson de moins de 6 mois.
Le praticien forme les parents pour reproduire le geste de manière correct au domicile. En effet, un drainage bien fait avant les repas mais surtout avant la nuit rend le nourrisson beaucoup plus confortable : il remange alors en quantité normale et retrouve une nuit beaucoup plus paisible. C’est un soulagement évident pour le nourrisson et ses parents.
Si la congestion se situe également dans les bronches, la technique va se baser sur la respiration de l’enfant en la respectant dans son rythme mais en augmentant sa vitesse (lentement ou plus rapidement) pour faire « remonter » les sécrétions vers la trachée. Une technique spécifique utilise le réflexe de toux pour amener les sécrétions vers la bouche puis les sécrétions sont recueillies aux bords des lèvres. Cette technique est appelée « augmentation du flux expiratoire » qui là encore respecte la respiration de l’enfant : le praticien s’aide de l’expiration de l’enfant qu’il amplifie.
Ce geste peut parfois impressionner les parents et le praticien doit prendre le temps de l’explication. Une main sur le ventre du bébé maintien l’enfant et une main sur son thorax amplifie la vitesse de l’expiration par une pression adaptée à chaque nourrisson.
Ce geste est rendu possible par la « compliance » de la cage thoracique du bébé. En effet, à cet âge, la cage thoracique, très cartilagineuse, est souple et malléable.
Le bébé ou le jeune enfant est enfin décongestionné et repart avec le sourire et ses parents soulagés. La technique est sécuritaire et hautement efficace. Elle aide grandement le bébé et les parents à passer ce cap difficile.
Elle est recommandée dans les bronchites, les bronchiolites, les rhumes.. Tant que l’enfant est congestionné! Aussi, il est fréquent que le nourrisson soit suivi sur 2 ou 3 jours tant qu’une congestion importante est présente.
Est-ce douloureux pour le nourrisson ?
Lors de la pratique de cette technique, le nourrisson pleure pour exprimer un mécontentement. En effet, à cet âge, bébé ne comprend pas ce qui se passe : un « inconnu » pose ses mains sur lui, il entend une voix qui ne lui est pas familière.. Il pleure donc comme il le fait lors d’une auscultation médicale ou parfois avec des étrangers.
Cette technique n’est pas douloureuse et la preuve en est que dès que le praticien arrête ses gestes, le nourrisson cesse de pleurer immédiatement et il n’est pas rare qu’il fasse un beau sourire au praticien ! En effet, si l’enfant avait eu une véritable douleur, ses pleurs se prolongeraient pendant plusieurs minutes.
De plus, rappelons qu’à cet âge la cage thoracique est très souple et cartilagineuse (il n’y a pas de nerfs dans le cartilage donc pas de douleur !).
Quel est l’intérêt principal de cette technique ?
Rendre l’enfant confortable pour ses nuits et son alimentation mais aussi et surtout prévenir l’accumulation des sécrétions qui peuvent conduire le bébé aux urgences de l’hôpital pour faire pratiquer des aspirations dans les poumons.
En Europe francophone, les médecins s’accordent à dire que la pratique de ces techniques avec un bon suivi évite un nombre important d’hospitalisations. C’est pour cela que l’assurance maladie prend en charge ces soins.
Quels conseils pour éviter les congestions des bébés ?
Le virus se transmet par la salive, les éternuements, la toux et les mains. Ainsi le rhume de l’enfant et de l’adulte peut entraîner une bronchiolite ou tout autre congestion respiratoire du nourrisson. Il faudra donc veiller à éviter les personnes contaminées, à échanger les suces ou biberons et à exposer bébé à un environnement enfumé. Mais aussi et surtout se laver les mains correctement et ne pas hésiter à porter un masque lorsqu’on est très enrhumé en présence d’un nourrisson.
D’autre part, la température de la chambre doit être de 19° soit pas trop élevée pour éviter une sécheresse des muqueuses rendues alors trop vulnérables aux virus.
Pendant la maladie, il faut se laver les mains correctement et éviter d’embrasser bébé sur le visage…même si c’est difficile !
D’autre part, il est important que le kinésithérapeute soit entouré de médecins si une orientation doit être faite vers une prise en charge médicale car naturellement un nourrisson doit être conduit vers les urgences hospitalières s’il présente une détresse respiratoire majeure que l’on constate lorsque le tirage des muscles inspirateurs est important et que la saturation en oxygène dans le sang est nettement diminuée.
La kinésithérapie respiratoire a vu ses techniques évoluer dans les 30 dernières années et elle se base sur les recommandations des différentes conférences de consensus médicales à Paris de 1994 à 2001. Elles valident et recommandent les techniques les plus efficaces et sécuritaires : elles ont alors invalidé la technique du « clapping » inefficace dans les congestions respiratoires et qui n’est pas complète puisqu’elle ne vide pas le nez de ses sécrétions chez le nourrisson.
Cette technique, encore méconnue au Québec, mérite d’être répandue pour son efficacité et pour la santé des nourrissons.
Ce service est couvert par la plupart des assurances santé. Pour plus d’informations, vous pouvez consulter le site: www.bebecongestion.com
Sébastien Brassart
Expert en Kinésithérapie respiratoire pédiatrique
Ostéopathe D.O. MOQ
Enseignant en ostéopathie