''Oh madame, vous savez, votre fille a 8 mois, vous pouvez lui donner du lait de vache sans problème. En plus, vous avez allaité bien plus que la moyenne des mères, vous pouvez arrêter maintenant.''
Voici une réplique que j'avais reçu il y a 5 ans venant du médecin interne de ma fille. Un conseil que je n'ai évidemment pas suivi mais qui m'avait tout de même laissé perplexe face à mon allaitement..., considéré déjà comme prolongé! L'allaitement en public n'était maintenant plus permis pour moi.
Nous voici 5 ans plus tard. Est-ce que les mentalités ont changé? Je n'en suis pas certaine.
Une amie me confiait récemment subir beaucoup de pression pour mettre fin à son allaitement de son bébé de 12 mois, considéré comme exagéré et malsain.
Des commentaires négatifs envers un allaitement de plus de 9 mois sont encore bien présents dans notre société actuelle. Que cela proviennent du père de l'enfant, de l'entourage immédiat et même des professionnels de la santé, ces discours désapprobateurs ont un impact direct sur la durée de l'allaitement maternel. Il est difficile en tant que mère de persévérer sans soutien.
Et pourtant, un allaitement de 9-12 mois n'a rien de prolongé. Si on se base sur les recommandations de l'Organisation mondiale de la santé, un allaitement exclusif jusqu'à 6 mois et un allaitement partiel jusqu'à 2 ans est prévalu.
Seulement, au Québec, moins de la moitié (46,7 %) des bébés de 6 mois sont allaités, à peine 3 % reçoivent un allaitement exclusif. L'allaitement au Québec n'est pas encore la norme.
L'allaitement maternel devrait demeurer la principal source d'alimentation chez les bébés jusqu'à 1 an. Il est faux de croire que l'enfant en retire aucun bénfice au niveau immunologique à partir de 6 mois. Certains facteurs immunologiques sont mêmes présents en plus grande quantité durant la 2e année. Le lait maternel contient des éléments nutritifs répondant aux besoins spécifiques des nourrissons ainsi qu'aux bébés plus âgés.Le lait maternel contient encore des facteurs de croissance qui contribuent à la maturation du système immunitaire, ainsi qu’à celle du cerveau, des intestins et d’autres organes.
Fait à ne pas oublier, jusqu’à récemment, on allaitait souvent les enfants jusqu’à trois ou quatre ans, dans une bonne partie du monde, et l’allaitement des bambins est encore chose courante dans bien des sociétés.
Dès que les petits commencent à trottiner, à dire quelques petits mots, nous avons tendance à les considérer comme de minis adultes. C'est loin d'être le cas. Les bébés sont de petits êtres qui ont besoin de tendresse et d'affection. L'allaitement maternel répond également à ce besoin essentiel.
L'allaitement, même d'un bambin, n'entrave pas l'autonomie et le développement de l'enfant, bien au contraire.
Le sevrage est certes un passage obligé. Mais doit-il se faire sous pressions? Les pleurs, les crises, la précipitation ne devraient pas être présents. La société se doit de normaliser l'allaitement afin d'éliminer les contraintes qui peuvent imposer un sevrage précoce non désiré.
Mélanie Ouimet
Parents Éclairés
Bénévole en allaitement.