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Le mythe du «bon» bébé et celui du «bon» parent

Quand il est question de sommeil, dans notre société, on parle de «bon» bébé pour décrire le petit qui «fait ses nuits» tôt, le plus tôt possible. Ou alors celui qui dort dans son propre lit dans sa propre chambre tôt, le plus tôt possible. Ou alors, celui s'endort tout seul tôt, le plus tôt possible. Ou alors celui qui ne tète pas pour s'endormir o...u se rendormir. Ou bien celui qui ne pleure pas trop longtemps quand on le laisse pleurer.
Ce qu'on peut en comprendre c'est que le «bon» bébé, c'est celui qui est le moins représentatif des bébés humains. Bien oui! Les bébés humains sont constitués de façon à avoir un sommeil léger et entrecoupé, à dormir collé contre leur parent, à être allaités pour s'endormir et se rendormir et à ne pas être laissés à pleurer seuls.
Le «bon» bébé, c'est un produit de notre culture occidentale moderne. C'est un construit social. Rien de plus.
C'est vraiment dommage de mettre toute cette pression sur les épaules de ces petites personnes fraîchement arrivées sur terre: «Si vous voulez être considérés de «bons» bébés, vous devez vous comporter de la façon la plus éloignée possible de celle que la nature a inscrite en vous.»
Quel non-sens! Quelle pression lourde, inutile et absurde.

Quand il est question de sommeil, dans notre société, on parle de «bon» bébé, mais «Un bébé seul, ça n'existe pas» disait Winnicott. Eh! non. Un bébé, ça n'existe que dans la relation à son parent. Alors pour avoir un «bon» bébé, vous aurez compris que ça prend un «bon» parent. Oui, un parent qui est capable de conditionner son bébé pour qu'il fasse ses nuits tôt, le plus tôt possible. Ou alors qui fait dormir son bébé dans son propre lit, dans sa propre chambre tôt, le plus tôt possible. Ou alors qui ne donne pas la tétée pour endormir ou rendormir son bébé. Ou bien celui qui laisse pleurer son bébé.
Ce qu'on peut comprendre c'est que le «bon» parent a un tout un contrat sur le dos. Il est victime de notre culture de performance. Oui, parce que dans notre société occidentale moderne, on demande aux gens de performer dans leur rôle de parent aussi. Et bien sûr, le sommeil de leur bébé ne fait pas exception. Au contraire, c'est un terrain de comparaison et de compétition par excellence. «Combien de fois, il se réveille la nuit ton bébé?» Moi aucune! Je l'ai entraîné au sommeil en le laissant pleurer dès 8 semaines, bien oui! il pensait déjà plus de 10 livres!... Et toi?» «Bien... eeeh! Comment dire? Moi, je dors avec lui, il se réveille encore quelques fois...»
Ouff! Côté performance, on voit vite qui est le «bon» parent, non?
Non?
Vous ne trouvez pas?
Eh! bien, vous me rassurez. Je me demandais si j'étais la seule à percevoir l'absurdité de cette compétition à qui fait ses nuits en premier.

Parce que peut-être qu'on pourrait arrêter de faire des compétitions du «meilleur» bébé (vous savez, celui qui a, en passant, le plus de probabilité de mourir de la mort subite du nourrisson). Parce qu'à ce jeu personne ne gagne, même pas les gagnants, parce que les bébés ne comprennent pas le but du jeu et souhaiteraient autre chose s'ils pouvaient l'exprimer dans le langage des adultes. Et les parents portent le poids de la performance et ne sont pas allégés par la force de leur instinct...
Au lieu, ne serait-il pas préférable d'accepter que ce qui entoure le sommeil de Bébé, comme le reste de sa vie, ce n'est pas un tableau de statistiques des meilleurs scores?
C'est de la RELATION. De la relation entre un parent et son bébé. Et quand on parle de relation, bien on n’est pas dans le «bon» ou le «mauvais», on n’est pas dans le nombre de réveils ou l'âge auquel il a «fait ses nuits». On n’est pas dans le concours du bébé qui va dormir le plus tôt tout seul comme un grand (vous savez, le bébé qui n’a même pas trois mois, oui oui! comme un grand).
Non, ce n’est rien de ça le relationnel.
La relation, c'est de l'écoute, de l'empathie, de la sensibilité, de la connexion, de la chaleur, de la réponse aux besoins, du dévouement et de merveilleux moments, comme des plus exigeants, oui, bien sûr. Mais c'est ça la vie. On ne peut pas décider de se débarrasser des côtés plus exigeants et de ne garder que les positifs. C'est un tout. C'est accepter l'autre comme il est dans son ensemble. Et c'est cette attitude d'acceptation inconditionnelle qui formera le socle de la confiance sur lequel le petit bâtira toute sa personne. Mais pas seulement ça, c'est le socle de la confiance sur lequel s'érigera l'identité parentale de l'adulte.

Comprenez-moi bien. Je ne suis pas en train de dire qu'il faut mourir de fatigue pour son bébé! C'est ce que vous pensiez? Oh! Vous êtes peut-être teintés de l'approche occidentale contemporaine en matière de sommeil des bébés... Il existe un tas de stratégies pour faire en sorte que ce qui touche au sommeil de bébé se passe de la façon la plus agréable possible dans sa situation à soi. Eh! non. On n’a pas à choisir entre laisser pleurer son bébé ou mourir de fatigue.
Et la PREMIÈRE stratégie, c'est celle d'avoir de l'information juste quant au sommeil de Bébé, à son développement et à la relation parent-enfant. C'est primordial parce que ça va teinter toute votre perception et votre attitude façon à cela.

Et vous devez commencer par savoir ceci:
Il n'y a PAS de «bons» bébés. Il n'y a PAS de «bons» parents. Ça n'existe pas. C'est un mythe, une fable, un conte d'une société capitaliste individualiste qui se perd elle-même dans sa compétitivité et sa technocratie, une société qui a oublié le sens de la valeur non conditionnelle et non quantifiable de l'autre.
Il n'y a que de la relation entre un bébé et son parent. Et cette relation leur appartient. C’est leur intimité, c'est leur lien. Redonnons aux parents le pouvoir de décider de faire confiance à leur bébé et de se faire confiance à eux-mêmes.
Ne cherchons pas à être les meilleurs.
Cherchons simplement à ne pas nous perdre, à rester connecter, ensemble, parents et bébés. C'est déjà tout un défi dans notre monde à nous.

Alice Trépanier, Doctorante en psychologie et Consultante périnatale

https://www.facebook.com/alice.trepanier.perinatalite?fref=nf

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