Accueil >> Sommeil >> Répondent aux besoins du bébé la nuit

On (exclut la personne qui parle) dit aux parents que s'ils répondent aux besoins de leur bébé la nuit en lui donnant le sein ou en le prenant contre eux, ils vont créer une association négative entre ce geste et l'endormissement.

Je vous invite à vous pencher sur cela.
...
Parle-t-on d'une «association négative» lorsqu'on a faim et qu'on se nourrit?
Lorsqu'on a froid et qu'on se couvre?
Lorsqu'on a besoin de tendresse et qu'on se colle?
Lorsqu'on a besoin de s'exprimer et qu'on met en mots?
Lorsqu'on a soif et qu'on boit?
Lorsqu'on a besoin d'un proche et qu'on l'appelle?

Bien sûr que non!
Quand on a faim et qu'on mange, par exemple, on ne conditionne pas notre corps à avoir besoin de nourriture. Il en a besoin, tout simplement, il est fait ainsi.
On ne conditionne pas notre corps à avoir besoin de tendresse lorsqu'on se colle non plus. Il en a besoin, tout simplement, il est fait ainsi.

Il ne s'agit pas là de conditionnements, mais bien de réponses à des BESOINS.

Par contre, il est possible, dans certaines mesures, de se conditionner à se couper de son ressenti de faim, de froid, de besoin de tendresse, de besoin d'expression, de soif et du contact de ses proches en se privant de ce dont on a besoin: nourriture, couverture, tendresse, etc.
Ça, c'est une association, ça, c'est un conditionnement.

Maintenant on peut se demander s'il s'agit d'une avancée que de nier ce qui nous rend, entre autres, profondément humains: nos besoins fondamentaux.

Ces conditionnements vont à l'encontre de la nature humaine et la plupart du temps, il faut lutter contre soi-même énormément pour tenter d'y parvenir, il faut renier une part de soi, il faut se couper de son corps et de son ressenti.
Tellement à l'encontre de la nature humaine, qu'ils créent beaucoup de stress et ne fonctionnent pas à tout coup (loin de là)!

Répondre à ses besoins et ceux des petits, c'est la base de la vie même. Sans cela, on meurt ou alors il y a une partie de son être qui s'éteint.

Répondre à un BESOIN, que ce soit le nôtre ou celui d'un petit ne devrait pas être considéré comme un conditionnement ou une association négative.
Répondre à un besoin d'un petit c'est lui confirmer qu'il est en vie, que son besoin est légitime, qu'il peut se faire confiance dans sa capacité à l'exprimer et qu'il peut faire confiance aux autres qu'ils seront là pour lui lorsqu'il en aura besoin.

Qu'elle serait alors une association négative avec le sommeil?
Ne serait-ce pas, par exemple, de s'endormir en ayant faim, en ayant froid, en ayant besoin de tendresse, d'être entendu, de boire ou de la présence d'un proche. À ce moment, au fil du temps, on en vient à associer la sieste et la nuit avec un moment de manque, un moment de solitude, un moment de stress, un moment d'insécurité, un moment où on se sent nié en tant que personne et finalement, un moment où on doit se tromper un peu soi-même si on veut pouvoir préserver l'affection qu'on porte à ceux qui ont participé à créer cette association négative et dont on a tant besoin.

Alice Trépanier, Doctorante en psychologie et consultante périnatale