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Est-il souhaitable de laisser pleurer son enfant la nuit?

Dans notre société occidentale, il est valorisé qu'un bébé fasse ses (nos) nuits rapidement. ''Mon bébé fait des nuits de 12h en ligne, il a seulement 3 semaines, un vrai petit champion!'' Mais pourquoi cette hâte? Pour que les parents retrouvent un sommeil paisible, pour être bien en forme le lendemain, pour s'assurer que bébé dorme suffisamment d'heures, pour que l'enfant apprenne à s'endormir seul afin d'être autonome, oui, l'autonomie! ''Ne mets pas ton enfant dans ton lit, tu vas le regretter plus tard, il ne voudra plus aller dans sa chambre!'' Comme si le bébé allait dormir avec ses parents jusqu'à l'adolescence! Et si contrairement à certaines de nos croyances, l'autonomie passait par l'accompagnement au sommeil du bébé.

Les différentes études démontrant l'efficacité des méthodes d'apprentissage du sommeil peuvent facilement être remises en doute à cause des limites de celles-ci, il est alors difficile d'en tirer des conclusions optimales. On ne prend pas en considération que les bébés, les parents et les situations sont tous différents. On ne peut donc affirmer qu'une méthode X convienne pour tous. Également, rarement ces études parlerons de l'impact possible sur le développement du cerveau de bébé qui est vulnérable au stress. Par ailleurs, ces études ne montrent aucun effet positif à long terme sur les enfants, mise à part que ce dernier dort enfin la nuit entière et surtout, les parents aussi dorment!

Nul ne met en doute l'efficacité des méthodes d'apprentissage de sommeil, ces dernières fonctionnent pour la majorité des bébés: ils feront leur nuit. Mais à quel prix? Lorsqu'un bébé pleure et que ses parents ne répondent pas à ce besoin, il ressent alors une douleur de séparation. La confiance et le lien d'attachement avec les parents peut être brisé. L'enfant apprend non pas à s'endormir seul mais, il apprend que personne ne sera là pour l'aider lorsqu'il se sent en détresse. Au bout de plusieurs minutes ou quelques heures, l'enfant cesse de pleurer et tombe épuisé de sommeil. Mais qu'en est-il de son niveau de stress? Le niveau de stress demeure élevé malgré la fin de ses pleures et ce, des jours suivants la dernière crise de larme. Le taux de cortisol dans le cerveau demeure donc aussi élevé, ce qui peut endommager le cerveau. Cela démontre également que le bébé n'aura pas appris à gérer ses moments d'angoisse par lui-même.

Tous serez d'accord sur ce point: les bébés ont besoin de personnes aimantes, bienveillantes et de proximité avec ceux qui s'en occupent et ce 24h sur 24. Les bébés n'ont pas encore la notion du temps ni de l'espace. Il ne fait pas encore la différence entre son propre corps et celui de sa mère, ce qui l'amène à ressentir de l'anxiété lorsqu'il n'est pas en sa présence.

Les pleurs sont le seul moyen de communication chez le bébé. En répondant favorablement aux signaux qu'émet notre bébé, on établie un lien de sécurité et de confiance avec lui. En tant que parents, il est important de répondre aux besoins de l'enfant très rapidement. Lorsque notre bébé a faim, on lui donne à manger. Lorsque notre bébé a soif, on lui donne à boire. Lorsque notre bébé a souillé sa couche, on le change. Lorsque notre bébé a besoin d'avoir un contact physique, on le prend et on le console.

Un bébé ne pleure pas sans raison, même la nuit. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, un bébé ne pleure pas pour ''faire ses poumons'' ou pour manipuler ses parents. Dans la grande majorité des cas, il a besoin d'être rassuré et il demande de l'aide. Un bébé en pleure ne peut s'apaiser seul. Il ne possède pas encore la capacité cérébrale pour le faire de manière automne. Un contact physique avec un parent calme, aide le bébé à s'apaiser.
Au contraire, lorsqu'on laisse notre bébé en pleure et par conséquent en détresse, cela produit une augmentation de stress chez lui. Hors, le cerveau d'un enfant n'est pas suffisamment solide pour supporter de grandes sources de stress. L'équilibre hormonale et émotionnelle de l'enfant peuvent être grandement altérer allant jusqu'à la mort de cellules cérébrales.

En sachant tout cela, il est étonnant de voir encore aujourd'hui des Instituts reconnus tel que le CHU de Ste-Justine ou encore des spécialistes du sommeil tel que Brigitte Langevin (qui n'a, sous toutes apparences, aucune formation académique spécifique dans le domaine du sommeil de l'enfant) promouvoir des méthodes d'apprentissages du sommeil.
Des méthodes d'apprentissage souvent basée sur la méthode Ferber qui ''consiste à créer un rituel affectif préalable au coucher de l'enfant, et à placer celui-ci dans son lit alors qu'il est encore éveillé, afin qu'il apprenne de lui-même à s'endormir. Si l'enfant s'éveille et/ou pleure, les parents doivent attendre quelques minutes avant d'aller vérifier brièvement . À chaque fois qu'une nouvelle intervention est nécessaire, ou les nuits suivantes, ils doivent attendre un peu plus longtemps.'' 1

Fait intéressant à noter; Ferber lui-même s'est rectifié sur sa propre technique radicale de sommeil.

''Ferber once said that parents who want to co-sleep should, quote, "examine their own motivations." In his new book, he now says co-sleeping works just fine for many families.'' 3

''Ferber was apparently allowing that leaving children to cry is not the solution to all sleep problems...''4


Les réveils fréquents de l'enfant la nuit sont souvent source de fatigue, d'angoisse et de questionnements pour les parents. Les parents se sentent impuissants et désemparés. Mais il faut savoir que ces réveils sont normaux. Le cycle de sommeil d'un bébé (50 min) est beaucoup plus court de celui des adultes (90 min). Ces cycles s'allongeront jusqu'à l'adolescence. Lorsque le bébé et le bambin tombent en phase paradoxale (la phase d'agitation), les réveils sont alors très fréquents pour ceux-ci. Dès la fin de chaque cycle de sommeil de 50 min, le bébé tombe alors en phase d'agitation et est plus susceptible de se réveiller, de bouger, de babiller, de pleurer, de demander le sein, etc. Il est très fréquent que des enfants de 2-3 ans se réveillent au moins une fois la nuit. Il ne s'agit pas là d'un trouble de sommeil comme certains pourront prétendre. Il s'agit simplement du déroulement normal de la maturation de leur cerveau et de leur cycle de sommeil.
''Quand le bébé dort seul, il a plus de sommeil profond (phases 3 et 4), à un âge où ses mécanismes d'éveil ne sont pas encore au point. Or l'on sait que la mort subite du nourisson traduit entre autres une déficience de la capacité à se réveiller. Les réveils nocturnes seraient donc un facteur de protection contre la MSN.''2

Les réveils nocturnes ne sont pas seulement normaux, mais souhaitables!

Le sommeil est très important pour les bébés comme pour les parents. Nul ne mettra en doute l'importance d'avoir un bon sommeil réparateur. Les bébés et bambins en particuliers ont besoin de plusieurs heures de sommeil par jour. C'est essentiel pour le développement de leur cerveau.
Mais qu'un bébé dorme dans la chambre de ses parents, dans un porte-bébé, au sein bien collé sur sa maman cela n'a aucune importance. La seule chose qui importe est que bébé se sente en sécurité pendant son sommeil.

Le sommeil partagé est généralement une solution qui conviendra aux deux parties. Que le bébé dorme dans le même lit que ses parents ou qu'il dorme à proximité de ses parents dans son propre lit, du moment où le bébé ressent la présence de ses parents, il sera rassuré. Le parents pourra également avoir un meilleur sommeil en évitant de se lever plusieurs fois par nuit puisqu'ainsi, le temps d'éveil diminue. Le sommeil partagé ''contribue à régulariser la respiration de l'enfant, son sommeil, ses modes d'éveil, son rythme cardiaque et sa température.'' 2


Cet article n'a pas comme but de pointer du doigts les parents qui utilisent des méthodes d'apprentissage du sommeil ni de dire aux parents de ne pas les utiliser s'ils croient faire le mieux pour leur enfant. Cet article a comme premier objectif de rassurer les parents dont leur enfant se réveille fréquemment la nuit en leur disant que c'est normal, sain et qu'il s'agit d'un processus normal dans le développement de leur bébé et de leur bambin. Il n'y a aucune obligation, aucun aspect positif à ce qu'un enfant fasse une longue nuit sans se réveiller. L'encouragement des méthodes de sommeil pour tous n'est pas recommandé. Questionnez-vous également sur les sois-disant spécialistes du sommeil qui ne connaissent pas votre situation particulière et qui émettent des recommandations parfois douteuses. Les situations sont toutes différentes et dans certains cas, laisser pleurer un bébé peut être extrêmement angoissant pour celui-ci et avoir des conséquences désastreuse sur son cerveau. C'est pourquoi avant d'utiliser une méthode de sommeil drastique, il serait bon de soupeser le pour et le contre et agir avec discernement, selon chaque enfant.


Rédigé par Mélanie Ouimet
Biochimiste
Bénévole en allaitement

Remerciements aux membres Facebook de parents éclairés pour les nombreuses références!

Références :

''La science au service des parents'' par Margot Sunderland

"Ne pleure plus bébé'' par Claude Suzanne Didier-Jean Jouveau

''Être parent la nuit aussi'' par le Dr. William Sears


Méthode alternative pour que l'enfant dorme seul dans sa chambre:

La Méthode Pantley (livre: ''Un sommeil paisible et sans pleurs'' par Élisabeth Pantley)


Pour un sommeil sécuritaire: